Le petit bout de chemin
- Par berry-daniele
- Le 20/10/2024 à 11:05
- Dans Conte du jour
- 2 commentaires
Aujourd'hui je vous propose de lire ce conte symbolique que j'avais écrit le 18 mars 2013
Le petit bout de chemin
Il avançait dans la forêt épaisse sans se soucier des grands arbres qui essayaient de temps en temps de lui barrer le passage car il était fier de pouvoir conduire tous les promeneurs.
C’était un petit bout de chemin de terre avec au milieu une petite rangée d’herbe et à droite et à gauche, tout le long de son bord, des cailloux de différentes formes.
Quand il pleuvait et que des bottes s’enfonçaient dans sa terre, les traces qu’elles laissaient ressemblaient aux fresques des cavernes et le petit bout de chemin en était tout fier ! Il se disait que plus tard, dans un futur plus ou moins lointain, d’autres promeneurs les découvriraient et chercheraient leur origine. Mais malheureusement ces empreintes qu’il croyait indélébiles s’effaçaient au cours du temps qui passait au lieu de rester ... Il n’avait pas compris que ces traces étaient faites dans de la terre malléable alors que les fresques des cavernes étaient dessinées ou gravées dans de la pierre. Alors le pauvre petit bout de chemin devenait vite malheureux et se demandait à chaque fois comment résoudre ce problème mais c’était peine perdue, il ne trouvait tout simplement pas ! Pourtant il aurait tant aimé laisser un souvenir à la postérité !
Des promeneurs il y en avait tous les jours sur ce petit bout de chemin : des hommes, des femmes, des enfants et parfois des animaux. Alors il ne se sentait jamais seul. C’était une vie bien agréable puisqu’il rendait service et qu’il faisait la joie de tous !
La vie s’écoulait paisiblement dans ce coin de forêt si joli avec tous ces grands arbres qui se dressaient tout droit vers le ciel, balançant leurs branches en tous sens lorsqu’il y avait beaucoup de vent. Lorsqu’ils se penchaient au-dessus du chemin ils ressemblaient à d’immenses géants protecteurs et jamais, jamais, il n’avait peur.
Les chants des oiseaux égayaient la forêt et le petit bout de chemin aimait les entendre. Des chevreuils, des biches, parfois des sangliers, traversaient en toute hâte la forêt et piétinaient le chemin qui s’en offusquait, surtout en ce qui concernait les gros sabots des sangliers qui bousculaient les cailloux tout au bord, qui creusaient méchamment la terre sans respect. Heureusement les pluies lavaient vite ces affreux passages et rapidement les empreintes des promeneurs recouvraient le petit bout de chemin.
Il n’était pas bien long ni bien large ce petit bout de chemin mais il existait et c’était bien ce qui importait ! Il était là pour tous ceux qui avaient besoin de lui pour découvrir la forêt.
Un jour il vit un couple s’engager main dans la main et entendit l’homme chuchoter à l’oreille de sa compagne :
- Tiens, c’est la première fois que je viens dans ce coin de la forêt, c’est si beau et ce petit chemin est si engageant que je vais t’emmener jusqu’au bout ! Viens ! Suis-moi !
Et les deux êtres enlacés marchèrent, marchèrent et s’enfoncèrent au milieu des arbres, des fleurs, sous le soleil qui étirait ses longs rayons bien chauds, au milieu des chants des oiseaux. Et leurs coeurs s’unissaient car ils étaient seuls sur le chemin.
Et l’homme, serrant encore plus la jeune femme contre lui, tout en marchant, lui chuchota à l’oreille :
- Acceptes-tu de faire un petit bout de chemin dans ma vie ? Acceptes-tu de devenir ma femme ?
Et la jeune femme, d’un bond, se jeta dans les bras de son compagnon et, en lui déposant un tendre baiser sur ses lèvres, lui répondit qu’elle l’aimait de tout son être et de toutes ses forces et qu’elle ferait un grand bout, très grand bout de chemin avec lui.
Depuis ce jour, le petit bout de chemin devint un grand bout de chemin et l’homme, qui avait scellé cette union avec la femme qu’il aimait, avait dessiné sur une carte ce chemin qui avait changé sa vie car il était géographe.
Alors depuis ce temps-là le petit bout de chemin avait enfin compris qu’il avait laissé une trace indélébile que tous les voyageurs pourraient trouver.
Danièle Berry, 18 mars 2013
Commentaires
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- 1. Dastouet Christiane Le 22/10/2024
Merci pour ce conte attendrissant qui nous parle à tous. Sur ce petit chemin, nous rencontrons parfois des ornières, de la boue, des flaques d'eau. Parfois même, il paraît infranchissable, lorsque la tempête déchaînée s'abat sur lui, mais le soleil revient, l'inonde de ses rayons, le bûcheron le rend de nouveau accessible pour que nous puissions poursuivre notre marche. -
- 2. Berry Michel Le 20/10/2024
"Objets inanimés avez vous donc une âme ?", se demandait Lamartine. Oui, mais il faut savoir les ausculter. C'est ce que fait ce conte de façon magnifique, avec ce petit bout de chemin, attentif aux êtres et aux arbres qui l'entourent, et qui se voit grandi par une déclaration d'amour entre deux humains
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