Extrait des "Voyageurs de l'espace"
- Par berry-daniele
- Le 17/02/2025 à 08:01
- Dans Extraits
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Voici le premier paragraphe "Voyageurs de pensées multiples" du conte symbolique que j'ai écrit en décembre 2011 "Voyageurs de l'espace sidéral des pensées" disponible dans le premier tome de "La fontaine de contes", ainsi que dans le livre "La fontaine de contes symboliques" sur le site d'Amazon.
Voyageurs de pensées multiples
Certains voyagent dans l'espace de leurs pensées en mouvement incessant.
Voici leur profil de vie. Elle vous est contée dans le langage métaphorique qui leur est propre.
Comment organiser sa pensée ?
Lorsque la pensée part dans tous les sens, lorsqu’elle se développe en constellations et ressemble parfois à une nébuleuse intergalactique, lorsque les mots ne peuvent décrire les idées, que les images qui nous passent par la tête ressemblent à une substance – peut-être de la substance grise d’ailleurs ? – lorsque nous paraissons « dans la lune » et ne pas nous intéresser ni aux autres ni à ce qui nous entoure, comment est-il possible pour nous de nous « contacter » à la terre ? Comment ne pas paraître des extra-terrestres inattentifs perdus dans des pensées insondables que personne ne peut atteindre excepté nous ou ceux qui nous ressemblent car leur « moteur intérieur » fonctionne comme le nôtre ?
Cette pensée qui se déplace sans cesse dans notre tête, qui ne s’arrête jamais, qui tourne et retourne dans tous les sens dans notre cosmos intérieur, qui semble désorganisée dans le temps et dans l’espace, multiplie pourtant les connexions entre les atomes-idées à une vitesse vertigineuse et elle nous dépasse tant que nous paraissons ralentis à ceux qui trouvent aisément leurs mots ou qui agissent au quart de tour.
Nous sommes des capteurs d’étoiles filantes, des funambules de la connaissance toujours prêts à tomber dans le vide des pensées, ce vide que nous abhorrons et que nous fuyons car il nous donne le vertige.
Alors nous remplissons tout ce qui nous entoure, nous emplissons notre tête de tout ce qui nous passe … précisément par la tête.
Toujours prêts à tenter toutes les expérimentations possibles et imaginables, toujours prêtes à « tenter le diable » pour prendre des risques parfois inconsidérés, toujours en mouvements incessants, sautant d’une idée à l’autre, du coq à l’âne, nous sommes des boulimiques de l’expérience, de la connaissance, de tout ce qui existe, toutes les disciplines, tous les sports, instruments de musique, livres qui nous tombent entre les mains.
Incapables de trier, incapables de maîtriser ce feu intérieur qui nous dévore de ses flammes brûlantes de la passion, nous sommes des infirmes du choix.
Nos débordements affectifs peuvent séduire ou faire peur mais nous ne laissons jamais les autres insensibles à nos extravagances.
Nous séduisons ou nous faisons fuir car notre immense soif d’amour est sans nuance, sans pudeur, sans honte et nous nous livrons à ceux que nous rencontrons, nous nous offrons corps et âme, corps et esprit.
On nous cherche puis on nous fuit ou on nous accueille puis on nous rejette.
Nous sommes ceux qu’il faut toujours freiner, réfréner, raisonner, cadrer car nous échappons sans cesse à l’attraction terrestre et nous fuyons les lois étouffantes, le cadre rigide des conventions imposées par la société.
Parfois, contre toute attente, dans un sursaut de rigidité, comme pour nous empêcher de repartir à nouveau dans l’espace intersidéral de nos pensées, nous imposons nos propres lois, notre organisation stricte qui ne nous ressemble pas et nous surprenons nos amis les plus intimes qui ne comprennent plus rien.
Est-ce pour nous protéger de nous-mêmes ? Est-ce pour nous protéger des autres ? Nous ne le savons pas et nous passons par tous les extrêmes.
C’est la passion qui nous anime. Nous ne savons pas n’aimer qu’ « un peu », ne donner qu’ « un peu », ne recevoir qu’ « un peu » … car le « un peu » ne fait pas partie de notre vocabulaire et le « trop » est notre requiem.
Dans tout cet amas d’émotions, de pensées subliminales, d’égarements affectifs, d’élans amoureux, de passions démesurées, qui effraient ceux que nous côtoyons et qui nous font parfois passer pour des fous incontrôlables et incontrôlés, nous cherchons sans cesse qui nous sommes car d’instant en instant notre Moi change au gré du vent, au gré du temps, pour fuir le carcan de la temporalité restreinte et de l’espace étriqué des lois terrestres.
Parfois nous ne savons plus nous suivre nous-mêmes car l’idée du moment présent n’est plus celle de l’instant d’avant et encore bien moins que celui d’après.
Notre tête bouillonne de pensées insondables et nous avons du mal à les trier.
Nous vivons au rythme de notre intuition que nous ne pouvons ou ne voulons pas museler tant elle nous est précieuse pour ressentir tout ce qui nous entoure.
Nous vivons la vie comme une énigme permanente et nous cherchons à deviner sans cesse les pensées des êtres que nous choisissons ou que nous ressentons.
Nous voulons tout connaître d’eux sans rien laisser au hasard et nous provoquons des réactions qui parfois nous desservent car souvent nous allons trop profondément dans la plongée abyssale de leur inconscient et nous forçons la porte de leur intimité.
Cette soif de connaissance se place souvent à tous les niveaux et nous met en danger lorsque nous rencontrons des prédateurs pervers qui nous manipulent sans complexe, profitant de notre naïveté légendaire.
Car nous sommes des Pierrot et des Colombines de la lune, des rêveurs invétérés, des idéalistes insensés, des combattants de la monotonie et de la bienséance.
Parfois, lorsque nous ne nous sommes pas encore révoltés, nous frisons la timidité maladive, la peur panique de parler en public, l’inhibition invalidante.
Puis un jour, subitement, sans prévenir, nous osons la révolte et notre volcan intérieur crache toutes ses flammes, immergeant le monde qui nous entoure de nos agressions, insultes parfois inattendues, nous qui paraissions si sages et si polis !
Nous explosons au moindre mot, nous rugissons à la moindre contrariété, nous attirant des ennemis affûtés ou repoussant les pacifistes discrets qui nous considèrent comme des dangers publics.
Nous sommes tantôt aimants attirants, tantôt champs magnétiques inversés mais notre personnalité ne laisse personne indifférent.
Artisans des pensées multiples, nos idées foisonnent en feu d’artifice et fusent dans tous les sens.
Nos antennes captent toutes les émotions et nous passons du rire aux larmes et des larmes au rire sans discontinuité.
Nous pensons dix mille paroles et images en simultané et nous ressentons dix mille émotions en même temps.
Nous nous déplaçons dans le cosmos de nos pensées à la vitesse des étoiles filantes et parfois nous nous heurtons aux trous noirs quand nous ne sommes pas compris.
Les uns veulent nous raisonner car notre logique n’est pas conforme à la réalité. Les autres nous reprochent notre manque de constance dans le temps. D’autres cherchent à ordonner notre espace désordonné. Et nous déplaisons par-dessus tout aux réalistes normés qui nous dévisagent en haussant les épaules devant notre manque de rigueur.
Pourtant nous souffrons avec les faibles, nous combattons les forts et nous volons tel Superman pour sauver même ceux qui ne nous demandent rien.
Zorro, Robin des bois, Don Quichotte, nous nous prenons souvent pour les Sauveurs de l’humanité et nous souffrons du complexe de Mère Térésa car rarement nous aboutissons, forçant trop le cours des événements.
Nous croyons ne penser qu’aux autres et nous voulons agir à leur place car nous pensons détenir la vérité et la leur révéler, nous qui sommes les constructivistes de la pensée.
Tout étonnés de recevoir des refus quand nous voulons aider, nous nous replions sur nous-mêmes et nous nous sentons rejetés alors que nous voulons tellement donner !
On nous reproche de tout ramener à nous-mêmes mais nous ne comprenons pas, nous qui pensons sans cesse à ceux que nous aimons ou que nous choisissons.
Incessants Sauveurs du Monde, nous pensons nous oublier mais ce n’est pas ce que les autres perçoivent de nous et parfois nous tombons dans le gouffre de la déprime et de la solitude.
Le rejet est pour nous insupportable et quand un être nous manque, tout est dépeuplé.
Virtuoses des états d’âme envahissants, nous paraissons bien souvent hésitants mais nous cachons ainsi notre doute permanent.
L’indécision semble être notre religion mais elle masque la peur de décevoir et de faire de la peine à ceux qui comptent pour nous.
Nous nous faisons facilement du mauvais sang, toujours inquiets pour les autres mais rarement nous imaginons que l’inquiétude puisse être réciproque et notre insouciance surprend la plupart du temps.
Il nous est difficile de penser que ceux qui nous aiment puissent se demander ce que nous devenons, pourquoi nous sommes en retard, comment nous allons car nous nous croyons invincibles. Nous croyons que rien ne peut nous arriver, que la vie est éternelle et notre côté visionnaire est notre talisman. Et puis, si nous sommes certains de savoir qui nous aimons et qui nous n’aimons pas, nous ne sommes jamais sûrs d’être aimés et nous vivons dans l’angoisse permanente de ne pas mériter cet amour que nous cherchons sans cesse.
Sensibles aux encouragements et aux critiques que nous jugeons rarement constructives pour nous-mêmes alors que nous les manions aisément pour dire ce que nous pensons, notre susceptibilité légendaire décourage nos plus fidèles amis qui, lassés de nos rapides changements d’humeur, nous abandonnent parfois, ce qui nous laisse dans des déserts d’immense solitude.
L’angoisse de ce qui va arriver nous insupporte tant que parfois nous précipitons la fin des événements pour ne pas en être victimes. Nous pleurons à l’avance de ce qui arrivera car le flair incroyable que nous possédons nous fait deviner l’avenir.
Est-ce la réalité ou est-ce une projection de nos propres pensées et de nos propres désirs ? Nous ne le savons pas car, de toute façon, ce que nous pressentions, arrive.
Certains nous reprochent de mentir, de transformer la réalité et finissent par ne plus croire ce que nous disons ou promettons et nous sommes considérés comme des malhonnêtes de l’intellect. Pourtant nous ne savons pas mentir et nous sommes des maladroits du risque tant notre idéal d’intégrité est élevé !
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ?
Sommes-nous des hurluberlus dénués de raison ? Des magiciens de la vérité ? De doux rêveurs à double visage, des piles ou faces, tantôt gentils, tantôt violents ?
Vous qui nous connaissez peut-être, qui nous côtoyez peut-être, qui un jour nous avez aimés, si vous le savez, dites-le nous car nous voudrions bien savoir organiser notre pensée, mieux gérer nos émotions, entrer en relation, maîtriser nos débordements affectueux car ce que nous souhaitons, c’est juste aimer et être aimés !
Si vous ne nous comprenez pas, ne soyez pas trop exigeants avec nous car nous vous promettons que nous ne faisons pas exprès de vous importuner et excusez notre grand enthousiasme au moindre souffle de vent, à la plus petite étincelle, au moindre glissement de terrain, au plus petit murmure de l’eau car nous vous offrons juste notre cœur !
Dites-nous comment organiser notre pensée pour que vous nous compreniez !
Danièle Berry, extrait du conte symbolique "Voyageurs de l'espace sidéral des pensées", décembre 2011, publié dans le livre "La fontaine de contes symboliques L'Intégrale"
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