Les amateurs
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Description :
On ne s’improvise pas enquêteur du jour au lendemain, c’est ce que Cassandra, Bastian et Julie vont apprendre à leurs dépens lorsqu’ils décident de monter leur club de détectives pour découvrir qui est le mystérieux voisin de palier de Cassandra et Bastian. Leurs recherches aboutiront-elles malgré toute l’énergie qu’ils ont dépensée pour mener deux enquêtes en parallèle, celle du voisin mystérieux et celle laissée par une étrange annonce dans le journal d’un détective privé à la recherche d’une personne pour le seconder dans ses filatures en tous genres, de préférence une femme ?
Extrait (début de l'épisode) :
1.
Je m’appelle Cassandra. Enfin ce n’est pas mon véritable prénom, mais comme je n’aime pas celui que m’ont attribué mes parents à ma naissance, j’ai décidé de le changer. Après plusieurs essais, j’ai fini par trouver celui qui me convenait le mieux. Il m’a été inspiré par une série policière télévisée que j’aime particulièrement.
J’ai trente ans. Enfin, c’est comme pour mon prénom, j’ai décidé d’avoir trente ans, car vieillir ne m’intéresse pas particulièrement.
Comme je n’aime pas travailler, que cela me demande trop d’efforts, j’essaie de me préserver et profite au maximum du temps présent. Je suis clairement une adepte de cette formule que j’ai toujours trouvée magique, « Carpe diem ». J’accumule donc les petits boulots depuis des années, me contentant de contrats à durée déterminée, afin de ne pas m’engager dans un projet à long terme que je pourrais regretter.
Je suis célibataire et compte bien le rester le plus longtemps possible. J’ai la phobie des contrats en tous genres, donc celui de mariage aussi. L’union libre pourrait être une option envisagée, mais après quelques déboires amoureux j’ai compris que rapidement l’adjectif « libre » se transformait en « prisonnier ». Peut-être, et même sûrement, n’ai-je pas fait les bons choix au niveau de mes partenaires, qui rapidement cherchaient à me diriger. Je m’enfuyais aussi vite que possible quand je sentais le vent tourner.
Je suis assez grande, mais pas trop, disons environ un mètre soixante-sept, car je ne me suis pas mesurée depuis belle lurette, très exactement depuis ma communion. Je ne suis pas mince, ni grosse, mon poids étant normal par rapport à ma taille. Cheveux bruns à mon grand désespoir, car petite j’étais quasiment blonde. Je n’ai jamais compris comment ce changement de couleur avait pu arriver. Je me souviens juste que mes cheveux longs et blonds s’étaient transformés en cheveux courts et bruns lorsque j’avais dix ans. La jolie petite fille aux cheveux blonds, bouclés et longs jusqu’aux fesses était tout à coup devenue un garçon manqué aux cheveux bruns, courts et raides.
J’aime porter des pantalons, me sentant plus à l’aise que dans des robes ou jupes, au grand désarroi de ma mère qui pense qu’une fille doit être « bon chic, bon genre ». Elle a des goûts très précis : robe à décolleté rond, ou jupe plissée avec un corsage, de préférence blanc. Collants transparents, escarpins noirs. Un léger maquillage, avec du fard à paupières accordé à la couleur des vêtements, un fond de teint adapté et un rouge à lèvres discret. De son point de vue, cette présentation est incontournable. Évidemment je la trouve trop stricte, trop classique, trop … trop tout ! Alors je m’habille en jean, tee-shirt rouge vif et baskets blanches. Je ne me maquille jamais, préférant rester « naturelle ». Ma mère me fait souvent les gros yeux, mais je suis devenue adulte et indépendante. Elle n’a plus aucune prise sur moi, comme lorsque j’étais enfant et elle le déplore chaque fois qu’elle me voit. Elle clame qu’elle n’a pas élevé sa fille ainsi et sait me le répéter, afin de me culpabiliser, mais cela ne fonctionne pas du tout avec moi. Je persiste à défendre mon indépendance et ma liberté à être comme j’en ai envie.
J’ai un caractère très affirmé et il est difficile de me faire changer d’avis, lorsque j’ai une idée en tête. Je sais dire ce que je pense, parfois un peu trop directement, mais je sais aussi faire preuve de gentillesse et d’empathie, si c’est nécessaire. J’aime la justice et j’ai une nette tendance à voler au secours des personnes qui sont maltraitées ou ignorées. D’une honnêteté presque « maladive », je suis incapable de dérober des objets sans les payer. Mon seul faux pas, bien involontaire, fut un jour de passer à la caisse d’un supermarché avec un sac de voyage accroché au caddie, sans que je ne m’en aperçoive, ni la caissière de surcroît. Une fois sortie du magasin, je m’étais exclamée devant l’amie qui m’accompagnait à ce moment-là : « Mince ! Je suis partie sans payer le sac de voyage, attends-moi je retourne à la caisse en m’excusant ! ». Honnête à en être presque bête, me disait-on. Peu importe, je ne pouvais envisager une seule seconde de devenir malhonnête.
Distraite, je le suis, mais surtout j’attire pas mal d’imprévus qui font rire particulièrement les personnes qui me connaissent et qui m’ont surnommée « L’amie catastrophe ».
J’aime beaucoup voyager, même si j’ai une véritable phobie des avions. Ce moyen de transport étant incontournable lorsque l’on veut se rendre dans des pays très éloignés, j’ai fini par m’y résoudre tout en demeurant stressée pendant toute la durée des voyages.
J’aime faire la fête avec mes amis, au grand désespoir de ma mère qui me rabâche sans cesse que ce n’est pas sérieux, vu le peu de temps que je passe à travailler et par conséquent à gagner de l’argent. Elle estime que je « jette mon argent par les fenêtres » et qu’un jour je le regretterai. Pour le moment, tout va bien, j’assume mes choix et poursuis ma route comme je l’entends.
Mes rêves ? Devenir une enquêtrice hors pair, rencontrer beaucoup de succès dans des domaines divers et vivre le moins stressée possible. Mais là, ce n’est pas gagné !
2.
« Respecté et vénéré » est la signification de Bastian. Je me suis toujours demandé ce qui avait motivé mes parents à m’affubler d’un tel prénom, mais je n’ai jamais réussi à le savoir. Lorsque je tentais d’aborder ce sujet avec eux, je me heurtais à un mutisme total de la part de ma mère et à un geste de la main de mon père, signifiant clairement « aucun intérêt ». Inutile de dire que, lorsque j’allais à l’école primaire, mes camarades de classe se moquaient de moi. Du coup j’ai vite compris que le terme « camarade » était un abus de langage car je ne voyais pas en quoi les moqueries, dont j’étais victime journellement, représentaient une manifestation de « camaraderie ». Je ressentis ce prénom comme ma croix à porter et j’en voulais clairement à mes parents, mais en changer aurait été trop compliqué alors j’ai fini par m’y habituer.
« Vénéré », on ne vénère que Dieu de mon point de vue et de toute manière pas un inconnu comme moi.
« Respecté », je n’ai jamais réussi à l’être, toute mon énergie se concentrant en « respecter autrui ». « Tu respecteras ton père et ta mère ». Cette maxime m’a longtemps obsédé. « Tu honoreras ton père et ta mère » avait été transformé par les personnes qui voulaient m’inculquer ce respect.
Cela fait trente-cinq ans que je porte ce prénom comme un fardeau et que je subis les quolibets des « amis » que je fréquente. A y bien réfléchir, je me demande si ce sont de véritables amis ou plutôt des ennemis.
Côté cœur, ce n’est guère mieux. Pour faire court, je n’ai jamais rencontré « l’âme sœur ». J’ai eu de brèves aventures bien évidemment, mais le fait d’être timide n’arrangeait pas ma situation. Je ne faisais jamais le premier pas. Mon physique attirait sans que je tente une quelconque séduction. Cela ne m’a pas porté chance, car je me faisais larguer rapidement. J’ai pris cet état de fait comme ma destinée contre laquelle je ne pouvais rien faire.
Physiquement j’ai plutôt de la chance. Je suis grand, un mètre quatre-vingts, élancé et même svelte. J’aime le sport que je pratique régulièrement : natation, musculation, judo, ski en hiver, parapente, saut à l’élastique et équitation. Je teste un peu tout. J’aime le risque tout en y mettant une certaine prudence. Je suis brun aux yeux bleus, les cheveux légèrement frisés, juste assez longs pour cacher ma nuque. Il paraît que j’ai un beau sourire, mais comme je ne me vois pas dans une glace à ce moment-là je ne sais pas si c’est vraiment objectif. Comme les femmes me l’ont souvent répété, j’ai fini par le croire, tout en ayant malgré tout un doute sur leur sincérité. Je suis d’un naturel méfiant, ayant été assez malmené depuis l’enfance. J’aime m’habiller en tenue décontractée, voire sportive. Pantalon de toile en été, et jean le reste du temps, avec tee-shirts de diverses couleurs suivant les circonstances. Baskets accordées à mes vêtements, ce qui me permet de collectionner les paires. J’aime fréquenter les magasins de chaussures et en tester le plus possible. Je ne fais pas que les essayer, puisque je ressors généralement avec trois ou quatre boîtes de paires différentes, de la plus basique au dernier cri. On pourrait me qualifier de « collectionneur de chaussures ». Heureusement, j’ai suffisamment de place dans mes armoires pour les ranger, car je suis un vrai maniaque de l’ordre. Mes vêtements sont disposés sur des cintres ou soigneusement pliés sur les étagères, ce qui faisait beaucoup rire les filles, n’étant pas habituées à rencontrer des hommes aussi ordonnés.
Je suis donc timide. J’ai peu confiance en moi et davantage confiance aux autres, m’accrochant à l’idée qu’ils sont forcément mieux que moi, ce qui en soi est stupide car tout dépend des domaines de compétences dans lesquels on se situe. Quand il m’arrive d’être sûr de moi, en sport par exemple, je tiens bon et écoute rarement les conseils des « donneurs de leçons ». Je poursuis mes manières de faire sans m’en détourner. Si je rencontre une personne qui insiste et cherche à me diriger dans les domaines dans lesquels je connais mes forces et mes ressources, je peux devenir extrêmement désagréable, voire expéditif. Vu de l’extérieur, j’oscille donc entre le doute et la certitude. Cela a le don d’énerver les gens. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que quand je doute de moi, c’est que je ne connais pas le sujet et quand je suis sûr de moi, c’est que je maîtrise le sujet. Finalement c’est très simple à comprendre, mais peu envisagent les choses de la même manière que moi et je n’ai jamais compris pourquoi.
J’aime la sincérité et l’honnêteté et rien ne m’énerve plus que les fourbes et les voleurs. Cela me met littéralement hors de moi.
Côté professionnel, je ne peux pas dire que je m’éclate, ni trouve un intérêt dans ce que je fais. Après des études « normales » sanctionnées par un baccalauréat scientifique avec « mention bien », deux années de fréquentation des bancs de la faculté de mathématiques, physique qui m’ont rebuté, j’ai fini par me tourner vers des petits boulots inintéressants au possible, mais qui m’ont permis d’être indépendant en m’installant rapidement. A vingt-deux ans, j’étais autonome. Je ressentis cette décision comme une véritable libération au grand désespoir de mes parents. Après m’avoir maintes fois répété que ce n’était pas la peine qu’ils m’aient payé des études pour que j’arrête tout brusquement, que c’était un véritable gâchis au vu de mes capacités, que cela ne se faisait pas d’aligner des emplois précaires tout juste bons pour les derniers de la classe, ils finirent par baisser les bras et se résoudre à l’évidence : leur fils n’en faisait qu’à sa tête et empruntait de mauvais chemins. D’ici à penser que j’allais devenir délinquant, il n’y avait qu’un seul pas mais ils n’osèrent pas le verbaliser, en ma présence tout au moins.
Mon rêve ? Rencontrer LA femme avec laquelle fonder une famille.
Date de dernière mise à jour : 19/08/2023
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