Les légumes poussent trop vite !
Description :
Le réchauffement de la planète est de nos jours une évidence et envahit tous nos esprits. La terre souffre de la chaleur, les glaciers fondent lentement, mais inexorablement, et personne ne sait réellement comment endiguer ce processus.
La nature souffre et tente de nous le faire comprendre, mais nous devons être trop aveugles pour en tenir compte comme il le faudrait.
Les plantes, les fruits, les légumes, souffrent de notre avidité de vouloir produire toujours plus.
Tout comme les objets, qui dans mon précédent livre se sont révoltés, les petits pois, radis et autres légumes vont tenter de nous convaincre en nous racontant leur vécu. Mais seront-ils suffisamment clairs pour nous faire changer notre mode de vie ? L’avenir le dira peut-être !
Extrait :
Les petits pois à l’étroit
Les petits pois se sentaient à l’étroit dans leurs cosses. Ils se serraient de plus en plus les uns contre les autres, tant l’espace autour d’eux semblait diminuer. La promiscuité étant trop grande, chacun voulait empiéter sur l’autre. Des conflits surgirent inévitablement. Un des petits pois était un peu plus gros que les autres, sans doute parce qu’il était le chef. Il finit par intervenir, afin de rétablir le calme. Il sermonna ses confrères en ces termes :
- Ne pourriez-vous pas être un peu plus raisonnables ? A force de vous bagarrer ainsi, notre cosse va finir par exploser, ce qui serait une véritable catastrophe.
- Oui, mais nous sommes trop serrés ici ! De plus, il fait vraiment une chaleur étouffante. Si nous pouvions prendre un peu l’air, nous nous calmerions ! Rétorqua un des petits pois.
- Pour prendre l’air, comme vous le suggérez, encore faudrait-il que l’on veuille nous manger. La seule solution serait que quelqu’un nous cueille, ouvre notre cosse et nous sépare pour nous mettre soit à la soupe, dans des boîtes en fer ou en verre pour nous transformer en conserve. Est-ce cela que vous voulez tous ? Expliqua le chef des petits pois.
- Non, non ! Crièrent tous les autres en chœur.
- Alors il ne vous reste plus qu’à prendre votre mal en patience et attendre. Vous n’avez pas d’autre choix.
Tous les petits pois de la cosse décidèrent d’écouter le sage et finirent par se calmer. Ils attendirent, mais rien ne vint. Et à force d’être arrosés par la pluie, chauffés par le soleil, ils se mirent à grossir de plus en plus. Certains d’entre eux devinrent même rouge écarlate, chose étrange, puisqu’ils ne pouvaient pas prendre de coup de soleil, étant tous contenus à l’ombre dans leur cosse. Pourtant, le vert laissa la place au rouge pour un certain nombre d’entre eux, ce qui fit désordre.
Un jour, le jardinier décida de récolter tous les petits pois de son jardin. Enfin presque tous, car il oublia malencontreusement cette cosse de petits pois verts et rouges. Et arriva ce qui devait arriver, les petits pois continuèrent à prospérer et devinrent énormes ! La cosse, qui avait grossi au fur et à mesure, finit par se fatiguer et explosa d’un coup. Tous les petits pois à l’étroit se retrouvèrent projetés sur la terre et disséminés un peu partout. Ils paniquèrent et appelèrent leur chef pour les sauver. Mais hélas, lui-même ne trouva pas de solution.
Alors chacun des petits pois s’enfonça dans la terre qui venait justement d’être arrosée par le jardinier, afin de trouver un peu de fraîcheur.
L’histoire ne dit pas ce que sont devenus les petits pois. Peut-être se sont-ils rabougris, ou bien ont-ils stagné ? Espérons juste qu’au moins ils aient trouvé de la place et un certain confort dans cette terre régulièrement arrosée.
Si un jour vous trouvez une cosse vide dans votre jardin, ou si vous n’en avez pas, dans celui de votre voisin, creusez un peu tout autour et vous trouverez sûrement les petit-pois à l’étroit. Alors n’hésitez pas, prenez-les délicatement entre vos doigts, déposez-les dans une boîte dans laquelle vous aurez pris soin de mettre du coton, pour qu’elle soit plus confortable et rapportez-la chez vous. Les petits pois vous en seront reconnaissants !
Deuxième extrait :
Les radis rabougris
Que se passait-il dans ce jardin ? A nouveau une étrange chose arriva. Les radis, plantés depuis belle lurette, refusaient de pousser. C’était à peine si on apercevait leurs queues dépasser de la terre et, en grattant pour voir ce qui se passait, le jardinier ne put voir que des radis rabougris. Malgré l’engrais, qu’il s’était obstiné à déverser pour les faire pousser, rien n’y fit, pas un radis ne grossissait ! De mémoire de jardinier, on n’avait jamais vu pareille chose et c’était très embêtant, car les habitués du marché, attendaient leurs radis de pied ferme. Pas un radis exposé sur l’étal du jardinier, c’était invraisemblable.
- Vous comprenez ce qui arrive ? Demanda une cliente à un client.
- Non, j’avoue ne rien comprendre et cela me navre, car ma femme m’avait demandé de ne surtout pas oublier les radis. Elle va être furieuse !
- Vous n’aurez qu’à lui expliquer que notre marchand habituel n’a plus de radis et elle devrait comprendre, répondit la cliente bien embarrassée de voir le pauvre homme apeuré par la réaction de sa femme.
- Elle ne va jamais me croire. Je ferais peut-être mieux de chercher des radis chez d’autres marchands, rétorqua le pauvre homme.
- A mon avis, elle ne sera pas dupe, car les radis des autres vendeurs n’ont pas du tout la qualité de ceux-là. Non, croyez-moi, dites-lui simplement la vérité : cette année notre marchand préféré n’a pas de radis !
- Encore faudrait-il pouvoir argumenter, répondit l’homme un peu désabusé. Ma femme n’est pas du genre à se laisser convaincre facilement.
- Alors la meilleure façon serait de poser la question directement au marchand. Justement, le voilà ! Venez avec moi, on va lui poser la question.
Le marchand écouta avec attention les revendications de ses deux clients habituels et leur expliqua simplement la vérité, cette année les radis refusaient de grossir. Comme ils étaient rabougris, il avait préféré les laisser en terre plutôt que de les exposer et de risquer les moqueries des clients, qui de toute manière n’en achèteraient forcément pas.
Les deux clients repartirent sans radis. L’histoire ne dit pas comment la femme du monsieur réagit, lorsqu’il lui fit part des explications du marchand.
Pendant ce temps, les radis se mirent à grossir lentement, heureux de ne pas être récoltés pour finir dans l’estomac des humains.
Date de dernière mise à jour : 28/01/2022
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