Rencontres fortuites

Recueil de deux nouvelles, publié le 10 septembre 2021 :

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Rencontres fortuites livre broché

Description :

Deux jeunes femmes, Zoé et Sarah, découvrent « par hasard » le bonheur sans l’avoir prémédité. Deux destins différents, deux histoires qui pourtant n’ont en apparence aucun point commun si ce n’est une rencontre fortuite qui changera le cours de leur vie. Le bonheur arrive-t-il lorsque l’on ne l’attend pas et doit-on le saisir au vol pour ne pas laisser passer sa chance ? C’est ce que feront Zoé et Sarah qui au cours de bien des péripéties verront le cours de leur vie changer. L’imprévu et l’inédit nous montrent-ils parfois le chemin ? Apportent-ils tout simplement l’amour ? C’est ce que ces deux nouvelles « Rencontres fortuites » nous racontent.  

Premier extrait (début de la première nouvelle "Le premier pas") :

L’anniversaire

Zoé fêtait son anniversaire et, en soufflant les vingt-six bougies du délicieux gâteau au chocolat que Mathias lui avait offert, elle se remémora ses sept ans. Ce jour-là, tout avait pris un sens.

Mathias l'observait du coin de l'œil, car il la connaissait bien et respecta le silence dans lequel elle s'était plongée en la laissant rêver.

Les images, les paroles, les actions, tout défilait à vive allure dans la tête de la jeune femme.

Elle revivait comme en direct sa vie écoulée dix-neuf ans auparavant ...

- Aujourd’hui j’ai sept ans ! Cette fois, ça y est, j’ai l’âge de raison ! Chantait Zoé à tue-tête en courant dans tous les sens, quand elle vit les aiguilles de la grande pendule s’arrêter sur 10h30.

La petite fille avait tant attendu ce jour d’anniversaire qu’elle en était tout excitée. Tout le monde lui avait tellement seriné depuis un an que cet âge était le début des choses vraiment sérieuses, qu’elle en avait décompté les jours un par un avant la date et l’heure de ses sept ans.

Tout le monde, c'est-à-dire sa mère et son frère Maxime.

Sa mère lui répétait qu’elle allait devenir une grande fille, qu’il fallait qu’elle travaille bien, qu’elle range ses affaires correctement dans sa chambre, qu’elle réponde poliment aux gens et surtout qu’elle devait cesser de rêver !

Maxime, qui avait douze ans et qui savait donc ce que c’était que passer dans l’âge de raison, lui expliquait avec de grandes phrases qu’elle ne comprenait pas toujours, qu’elle pourrait commencer à mieux comprendre l’univers, qu’elle aurait le droit de toucher à ses livres mais pas encore de les lire car elle était trop jeune et qu’elle pourrait participer aux expériences qu’il conduisait en chimie et en physique même si parfois c’était dangereux.

Zoé avait écouté tous leurs discours avec attention et un peu d’appréhension, si bien qu’elle se demandait si elle aurait encore le droit de jouer et de s’inventer des histoires.

En revanche son père ne paraissait pas si pressé que cela de la voir grandir et ne lui disait rien du tout. D’ailleurs son comportement avec elle était constant et jamais il ne lui faisait de reproches. Il la rassurait et elle se sentait très proche de lui.

Pour toutes ces raisons, la petite fille avait malgré son excitation des inquiétudes sur sa future vie. Mais c’était plus fort qu’elle : elle sautait de joie en répétant sans cesse « J’ai sept ans ! J’ai l’âge de raison ! ». Peut-être aussi était-ce parce qu’elle savait que sa maman avait préparé un bon gâteau avec sept bougies et qu’elle aurait sûrement plein de cadeaux différents de ceux qu’elle avait reçus lors des autres anniversaires et cela la réjouissait à l’avance.

Elle décida d’elle-même de mettre le couvert quand elle vit les aiguilles de la grande pendule, qui lui faisait comme un clin d’œil, s’arrêter sur midi et sonner douze coups.

Elle compta :

- Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze !

Et elle démarra en trombe pour aller chercher les quatre assiettes dans le buffet de la salle à manger. Elle les déposa consciencieusement sur la table bien au milieu de chaque côté. Puis elle repartit en flèche chercher les couverts dans le tiroir du buffet et déposa les couteaux à droite et les fourchettes à gauche, sans oublier les petites cuillères devant les assiettes. Ensuite elle prit une chaise pour atteindre l’étagère de verres et en choisit quatre qu’elle aimait bien. Son papa lui avait toujours dit que dans les occasions importantes l’apéritif était indispensable, mais qu’il fallait de beaux verres pour le déguster. Et ce jour-là Zoé se doutait bien qu’elle aurait le droit de goûter un des délicieux breuvages qui étaient alignés sur l’étagère à droite des verres, puisqu’elle avait l’âge de raison et qu’à partir de ce moment-là elle pourrait faire comme les grands. D’ailleurs Maxime avait l’autorisation de boire comme son papa depuis ses sept ans et elle ne voyait pas pourquoi ce serait différent pour elle, même si elle était une fille. Et puis sa maman en prenait aussi et donc là il lui paraissait logique d’y avoir droit aussi !

Elle réfléchissait sans arrêt tout en dressant le couvert et son excitation grandissait d’instant en instant à l’idée du bon repas que sa maman avait préparé. Mais elle ignorait ce qui cuisait au four. Elle n’avait pas le droit de connaître le menu. Alors elle imaginait tous les mets les plus délicieux et surtout ceux qu’elle préférait, car c’était évident pour elle qu’elle n’aurait que ce qu’elle aimait. Tant pis pour Maxime s’il allait être obligé de manger ce qu’il n’aimait pas. Après tout ce n’était pas son anniversaire à lui ! Et puis quand on fêtait son anniversaire, elle devait bien se contenter de ce qui lui était proposé après tout. Donc chacun son tour !

Tout le monde s’attabla et papa servit l’apéritif : un Porto à maman, un peu de Ricard avec beaucoup d’eau pour Maxime, juste pour qu’il puisse avoir le goût de l’anis sur les lèvres, un Ricard avec peu d’eau et deux glaçons pour lui et un jus de pamplemousse pour sa fille. Zoé resta médusée. Elle n’en revenait pas ! Son père lui avait servi un jus de fruits alors qu’elle espérait pouvoir enfin goûter le breuvage anisé qui l’attirait depuis si longtemps ! Elle dévisagea ses parents et son frère mais personne ne réagit. Tout le monde leva son verre pour trinquer comme il est d’usage lors des apéritifs. Tout le monde : sauf elle.

- Eh bien Zoé, tu ne lèves pas ton verre ? Demanda son père.

- Non, parce que je n’ai pas d’apéritif comme vous !

- Mais du jus de pamplemousse c’est un apéritif, rétorqua sa mère.

- C’est le même que quand j’ai eu six ans, alors ça ne va pas ! Je croyais que je pourrais avoir une goutte de Ricard, ajouta-t-elle.

Maxime riait sous cape, en entendant sa sœur, ce qui énerva encore davantage la fillette qui sentit les larmes lui monter aux yeux.

Son père attrapa la bouteille de Ricard et lui dit de vider son verre. Zoé avala le jus à toute vitesse et tendit son verre. Cette fois elle leva le liquide jaune transparent et avec un grand sourire cogna son verre aux trois autres précautionneusement.

- Bon anniversaire, Zoé ! Clamèrent ses parents et son frère.

- Merci ! Vive l’âge de raison ! Ajouta-t-elle avec un immense sourire.

Maintenant que l’apéritif était pris, Zoé était impatiente. Elle savait qu’elle allait recevoir ses cadeaux. Tout le monde quitta la table précipitamment, sauf elle qui devait attendre.

Maxime lui offrit un premier cadeau, sa maman lui tendit le sien en déposant de gros baisers sur ses joues et son papa arriva avec un long paquet qu’il déposa dans ses mains en ajoutant :

- Attention, c’est fragile !

Zoé regarda les trois paquets et resta immobile. Elle ne savait pas lequel des trois ouvrir en premier, parce qu’elle avait peur de blesser. Tout le monde attendait. Elle finit par se décider et elle ouvrit le paquet de Maxime en premier. Elle se doutait bien que ses parents ne seraient pas jaloux, ce qui n’aurait pas été le cas de son frère si elle avait ouvert son paquet en dernier. Il avait construit de ses mains une magnifique boîte à bijoux en bois qu’il avait décorée de coquillages et de petites perles. Sous le couvercle il avait collé une jolie glace et il avait recouvert le fond de la boîte d’un élégant tissu de velours grenat pour qu’elle puisse y déposer ses bijoux. Elle sauta au cou du jeune garçon et le remercia en lui collant une grosse bise sur la joue droite, ce qui l’énerva. Il n’aimait pas trop les démonstrations affectives en général surtout qu’à son âge, du haut de ses douze ans, il pensait qu’il était presque un homme et il avait entendu dire que les hommes étaient pudiques.

Ensuite elle défit les nœuds du paquet de sa mère et ôta le papier cadeau. Elle découvrit une jolie boîte rectangulaire qu’elle ouvrit. A l’intérieur il y avait deux bagues en argent avec un collier et un bracelet assorti. Elle embrassa très fort sa maman qui ajouta qu’elle pourrait remplir sa boîte à bijoux au fur et à mesure de ses anniversaires et des autres fêtes.

Enfin elle souleva le paquet de son père. Elle se demandait bien ce qu’il pouvait contenir. Comme elle n’en avait aucune idée, elle finit par défaire les ficelles et le papier cadeau. Elle ouvrit tout grand la bouche de stupeur en l’accompagnant d’un :

- Oh papa, c’est magnifique, j’en ai tant rêvé : un violon !

Zoé prit l’instrument dans ses mains, comme s’il était une relique et déposa sur le bois de la boîte un baiser chaleureux.

Deuxième extrait (début de la deuxième nouvelle "Le cataclysme ambulant") :

1.

Sarah introduisit la clé dans la serrure de la porte de son deux pièces, cuisine, salle de bains. D’un geste brusque elle fit un quart de tour vers la gauche pour déclencher la butée, mais crac : le système se bloqua et la clé se tordit. Elle resta figée, n’osant plus faire un seul mouvement. Elle prit conscience de l’ampleur du désastre : comment allait-elle faire pour entrer chez elle ?

Décidément, la malchance la poursuivait ! Et dire que ses amis la surnommaient « L’amie catastrophe » ! Après tout, elle avait bien mérité ce surnom !

Elle fouilla dans son sac pour débusquer son compagnon d’infortune, mais ce fut sans succès. Où était-il encore passé, ce satané téléphone mobile ? Elle vida tout le contenu sur le palier. La boîte parlante n’y était pas ! Elle avait dû l’oublier au café où elle avait pris un coca-cola avec Sophie, sa meilleure amie.

Elle descendit les marches des deux étages à toute vitesse, poussa la porte d’entrée de l’immeuble prestement et déboula sur le trottoir. Elle faillit renverser une vieille dame qui lui brandit sa canne au passage pour la molester. Elle l’évita de justesse et courut jusqu’au café pour retrouver son indispensable appareil.

Elle se faufila entre les tables et les chaises et finit par atteindre la place qu’elle avait quittée une demi-heure auparavant. L’endroit était vide et pas de trace de son mobile sur la table. Elle traversa la salle en direction du comptoir et demanda au patron :

- Auriez-vous trouvé un téléphone portable ? Je pense l’avoir oublié il y a environ trente minutes.

- Ah, je suis vraiment désolé, je n’ai rien vu en débarrassant la table et personne ne me l’a rapporté.

- Tant pis, excusez-moi, alors j’ai dû l’oublier ailleurs !

Et elle refit le chemin en sens inverse jusqu’à son appartement.

La clé était toujours coincée dans la serrure et malgré tous ses efforts, pas moyen de l’en enlever !

Elle décida de sonner à la porte voisine pour demander du secours. 

Un vieux monsieur, aux lunettes embrumées, en sortit. Il tenta de tourner la clé dans la serrure, mais il n’obtint pas un meilleur résultat qu’elle.

- Ma pauvre petite dame, je crois bien que vous allez être obligée d’appeler un serrurier !

Sarah lui expliqua confusément qu’elle avait probablement oublié son téléphone dans l’appartement et qu’il lui était donc impossible de téléphoner.

- Eh bien entrez chez moi : vous n’aurez qu’à appeler depuis mon téléphone. Ce sera avec grand plaisir. Vous pourrez faire le numéro de votre mobile et s’il est allumé, vous saurez ainsi s’il est bien à l’intérieur.

- Excellente idée ! Merci beaucoup, lui répondit la jeune femme, rouge comme une pivoine.

Elle entra à la suite de son voisin. L’appartement semblait un peu sordide, mais elle évita de jeter un œil partout, craignant d’être impolie. Elle prit le combiné et appuya sur les touches pour composer son propre numéro. Le vieux monsieur qui était resté sur le palier pour écouter le résultat de l’expérience, lui cria :

- Oui, oui, je l’entends sonner ! Il est bien resté chez vous mais sans vous !

- Oui, c’est très ennuyeux ! Auriez-vous un annuaire que je puisse trouver un serrurier ?

- Oh pas besoin d’annuaire, chère Mademoiselle ! Et le vieux monsieur reprit le combiné des mains de la jeune femme et composa un numéro qu’il savait par cœur.

Sarah admira la mémoire de ce voisin qui devait avoir environ quatre-vingts ans d’après son physique.

- Allo ? Ah tu es chez toi, ça tombe bien ! Ma voisine de palier rencontre un petit souci, enfin plutôt un souci important : elle ne peut plus rentrer chez elle. Peux-tu venir la dépanner ? Oui, oui, apporte tout ton matériel, c’est effectivement un problème de serrure et de clé : tu verras une fois sur place. D’accord ! On t’attend ! A tout de suite.

Il raccrocha et avec un grand sourire annonça à la jeune femme :

- Voilà : mon petit-fils vient vous sauver. Il est serrurier, voyez-vous !

- Ah ? Eh bien ça tombe à pic alors ! Rétorqua Sarah, soulagée.

Date de dernière mise à jour : 03/03/2022

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Commentaires

  • coppa
    • 1. coppa Le 07/01/2022
    J'ai dévoré en une journée les nouvelles de Danièle Berry. Deux jolis récits que j'ai trouvés à la fois émouvants et poétiques.

    Bonne continuation

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