Une idée saugrenue
Description :
Roman s'ennuie dans sa campagne. Il tourne en rond pour trouver une solution, lorsque tout à coup une idée saugrenue germe dans sa tête ...
Extrait (début du roman) :
Chapitre I. Mystérieux Patrick
1.
Il laissa retomber le journal et jeta ses lunettes d’un geste brusque. Le cendrier était déjà plein de mégots. Il le regarda, dépité. Les « rubriques des chiens écrasés » et les « nouvelles » qui se répétaient en boucle tous les jours, le lassaient fortement. D’ailleurs il se demanda pourquoi il continuait à acheter ce quotidien. Ne le faisait-il pas finalement pour se rendre au tabac du village ? Sûrement, car il n’y avait vraiment rien à faire ici ! Les jours se déroulaient toujours de la même façon, café, journal, jardinage, déjeuner, sieste, jardinage, dîner, télé, nuit, le tout accompagné de nombreuses cigarettes. Il se leva et sortit dans le jardin. Il se gratta la tête. Que faire aujourd’hui ? Pas envie d’aller au tabac, de toute façon il avait assez de paquets de cigarettes en réserve. Pour le journal, il n’irait pas l’acheter non plus. C’était de l’argent passé par les fenêtres, de toute manière. Il jeta un œil à ses tomates, salades, poireaux et n’éprouva aucune envie de s’en occuper. Ils pouvaient bien se passer de lui et pousser en silence comme les fruits et légumes savent si bien le faire. Le silence, toujours ce même et pesant silence. Il n’entendait que lui pendant ses journées. Ah, s’il n’était pas resté bêtement célibataire, au moins aurait-il pu avoir la chance d’entendre les bavardages de sa femme ou les cris de ses petits-enfants. Mais il était trop tard, la vie était derrière lui et ce n’était pas à son âge qu’il trouverait l’heureuse élue ! Et encore aurait-il fallu qu’il trouve la femme qui le supporte ! Bref, tout allait mal aujourd’hui ! Alors il se gratta à nouveau la tête pour trouver une solution. Comme rien ne venait, il quitta les lieux et se dirigea nonchalamment vers le village, à pied. Mince ! Il avait oublié de prendre sa canne ! Elle ne le quittait plus depuis l’accident. Satanée voiture qui ne l’avait pas vu et qui l’avait projeté dans le fossé ! Il avait écopé d’une fracture du tibia qui l’avait laissé un peu bancal. Tant pis pour sa canne, il la retrouverait quand il rentrerait chez lui, au moins il était sûr de ne pas la perdre. Distrait comme il était, c’était finalement plus prudent de ne pas s’en servir systématiquement, même si le docteur lui avait dit : « Attention, Monsieur Roman, surtout n’oubliez pas de prendre votre canne, car à votre âge la consolidation se fait plus lentement ! » « A votre âge, à votre âge ! » Il avait été vexé. Il n’était ni grabataire, ni centenaire ! Bon enfin de toute manière ce médecin avait peur de tout ! Il aurait bien aimé le voir face à un taureau ou même un cheval. Il avait beau être médecin de campagne, il manquait de pratique avec les animaux. Et pour lui cela voulait tout dire : savoir manipuler les animaux sans s’affoler, ni s’énerver, était la preuve d’une grande maîtrise de soi.
Il marcha d’un bon pas comme pour se prouver à lui-même qu’il n’avait pas besoin de soutien et arriva sur la place du village. Qu’elle était vide ! Pas une âme qui vive ! Pas même un chien, ni un chat, c’était le cas de le dire, ce village était désertique. D’un regard circulaire il détailla les maisons qui l’entouraient. Elles paraissaient lugubres. Le silence qui y régnait était aussi pesant que dans son jardin. A croire que tous les habitants vivaient comme des légumineuses. Mais que faisait-il dans ce bled paumé ? Il prit tout à coup conscience que son ennui était lié à son environnement. Non seulement il n’y avait pas grand-chose à faire ici, mais en plus les habitants étaient particulièrement inertes. Cela ne pouvait pas durer, il lui fallait prendre une décision pour ne pas rester enterré sa vie durant, enfin ce qui lui resterait de sa vie. Il quitta les lieux d’un pas bien plus rapide et énergique qu’à l’aller, rebroussa chemin et s’enferma dans sa maison. Que faire, mais que faire ? Et surtout où aller ? Des nuits et des jours, des jours et des nuits, il ressassait, ressassait, lorsque tout à coup lui vint une idée.
« Homme dynamique et curieux cherche copilote pour faire le tour du monde. Pas sérieux s’abstenir. Adresser la candidature au journal qui me la transmettra. »
Satisfait de la tournure de son annonce, il l’envoya au journal régional, car il se doutait bien qu’il ne trouverait personne dans son village. Il ne lui restait plus qu’à attendre patiemment. Tous les jours il attendait de pied ferme la visite du facteur.
Date de dernière mise à jour : 03/03/2022
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