Cœur

Cœur palpitait de joie et de bonheur en cette nouvelle année. Tout allait bien pour lui, la vie lui souriait, les gens lui souriaient et il leur rendait leur sourire. Il marchait d’un pas léger, en admirant le Monde et plus particulièrement la Terre, qui le portait depuis sa naissance.

Flânant à droite et à gauche, il se sentait grandir en sagesse et en équilibre.

La vie était belle et pour lui tout se résumait à cette simple constatation : quand on est heureux à l’intérieur de soi, on sait distribuer le bonheur.

Il lui semblait que rien ni personne ne pourrait troubler la grande quiétude dans laquelle il baignait.

Cœur palpitait et c’était bien sa première vocation.

Sur le même chemin en sens inverse avançait Raison. Elle marchait en chantant, car elle se sentait heureuse de sa vie. Rien ne la faisait dérailler de son itinéraire, elle prenait les décisions adaptées et tout cela lui convenait parfaitement.

Cœur avançait et Raison avançait … et finirent par se rejoindre.

- Bonjour, dit Cœur à Raison. Qui êtes-vous ? Vous me semblez bien posée et raisonnable.

- Oui, tout à fait, car mon nom est Raison. Et vous, qui êtes-vous ? Vous semblez respirer la bonté.

- Je m’appelle Cœur.

- Ah oui, donc pas étonnant que vous me fassiez penser à la bonté ! Répondit d’une voix douce Raison.

- Accepteriez-vous que nous fassions route ensemble ? Dit Cœur en se sentant légèrement rougir du compliment de Raison.

- Oui, bien sûr, avec grand plaisir !

Ainsi partirent Cœur et Raison bras dessus, bras dessous.

Ils parlèrent de la pluie et du beau temps, de petites choses insignifiantes qui construisent une amitié sincère et plus ils marchaient, plus ils sentaient une connivence s’installer. Ils étaient tout simplement heureux.

Sur leur chemin, à l’opposé, avançait péniblement un drôle de personnage, tout vêtu de gris, le visage livide et les traits tirés. Il errait et semblait porter un lourd fardeau sur les épaules. Il aperçut les deux amis et fit volte-face.

- Eh ! Ne vous sauvez pas ainsi ! S’écrièrent d’une seule et même voix Cœur et Raison. Nous ne vous voulons aucun mal. Qui êtes-vous donc pour avoir si peur de nous, que vous vous enfuyez ?

- Je n’ai pas du tout peur de vous, mais je n’ai pas envie de rencontrer qui que ce soit. Je me nomme Morose, comme la vie l’est pour moi.

- Oh que c’est triste, lui répondit doucement Cœur. Il vous faut quitter la noirceur de votre vie pour vous sentir bien.

Ainsi donc Cœur passa son bras droit sous le gauche de Morose qui passa son bras droit sous le gauche de Raison. Ils partirent tous les trois, bras dessus, bras dessous.

Cœur, Morose et Raison continuèrent à avancer sur le chemin et Morose commença même à sourire de la situation dans laquelle il se trouvait.

A l’autre bout du chemin, ils aperçurent une forme blanchâtre qui se déplaçait dans le même sens qu’eux.

- Vite ! Rattrapons-le ! S’écria Cœur, tout content à l’idée de se faire un nouvel ami.

Tous les trois essoufflés, ils parvinrent à rejoindre l’étrange créature qui semblait perdue.

- Bonjour, qui êtes-vous ? Interrogea gentiment Raison.

- Bonjour, je suis Doute et je me demande bien ce que je fais ici. Et vous que faites-vous ici ?

- Comme vous le voyez, nous nous promenons au fil du temps, au gré du vent. De quoi doutez-vous donc ? Rétorqua Raison, qui se demandait bien ce qui faisait tant hésiter cet étrange personnage qui semblait rempli d’inquiétude.

- De tout, je doute de tout ! Et vous, vous semblez bien sûrs de vous tous les trois ! Dit Doute d’une voix hésitante.

- Oh moi, avant de rencontrer Cœur et Raison, je n’allais pas bien du tout, mais ils sont si gentils avec moi que ma vie s’est transformée. Venez avec nous et vous comprendrez que la vie est belle et qu’il faut lui faire confiance ! S’exclama Morose au grand étonnement de Cœur et Raison.

- Vous croyez ? Je doute, je doute …

Et Raison ne fit ni une ni deux, elle attrapa Doute sous son bras droit et ils s’en allèrent tous les quatre, bras dessus, bras dessous, Cœur à gauche, Morose à sa droite, Raison à la droite de Morose et Doute à la droite de Raison.

Ils continuèrent ainsi leur chemin, croisant, dépassant, rejoignant d’autres personnages, les emmenant bras dessus, bras dessous, dans une folle farandole : celle de l’Amour.

 

Danièle Berry, 2 janvier 2016

Date de dernière mise à jour : 16/07/2022

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Commentaires

  • Nicole Charue
    • 1. Nicole Charue Le 16/07/2022
    Ce conte m'émerveille ! Il semblerait à vous lire que tout soit simple ..et facile à réaliser !!! Personnellement,j'ai un mal fou à les associer.Merci de m'amener à y réfléchir.

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