S’habituer à l’absence

Rendre le monde présent en soi, c’est s’habituer à la présence, c’est donner de l’existence à l’extérieur pour l’intérioriser, c’est donner de la valeur à ce qui n’en a pas encore.

  Quand le monde est bien présent en soi, il est inconcevable qu’il puisse un jour disparaître comme ça d’un seul souffle.

  Quand on a peuplé son intérieur d’espoirs, d’attentes, quand on s’est accroché à ce qui avait pris sens pour soi, comment imaginer un seul instant qu’il soit possible de le perdre ?

  On croit que tout durera éternellement car le temps n’a pas de fin.

  On croit que rien ne pourra plus troubler ce que l’on a construit, ce que l’on a aimé et par lequel l’on croit avoir été aimé.

  Quand on a peuplé son univers de ses choix, qu’il est dur de voir un jour tout s’écrouler car il suffit qu’une petite parcelle s’écroule pour que tout s’écroule ! « Un être vous manque et tout est dépeuplé » !

  Si un jour vous donnez sens à ce qui est extérieur à vous, si vous donnez sens à celui que vous choisissez, comment accepter de le voir se détourner de vous ou disparaître à tout jamais ?

 

  Alors il nous faut nous habituer à l’absence du monde, des autres, de ceux que l’on a aimés lorsque tout ce plein en nous est devenu tout à coup le vide.

  S’habituer à l’absence prend du temps et quand enfin on y parvient, on n’a plus envie de retrouver une autre présence par peur de se brûler à nouveau les ailes.

  S’habituer à l’absence, au départ des autres, de tous les autres quels qu’ils soient parce que c’est comme ça, est si triste pour ceux qui ont besoin de présence qu’un peu plus chaque jour la foi s’en va.

  Et la pire des pertes est celle qui nous enlève les êtres chers pour toujours, celle que l’on nomme « mort ».

  Mais la mort est-elle une fin ? Est-elle un passage ?

 

  Mais comment se fait-il que certains nous quittent alors que nous avons tant besoin de leur présence ? De quoi ou de qui ont-ils peur ? De nous ? Ont-ils peur car pour eux c’est difficile de s’habituer à notre présence ?

 

  Besoin de présence extérieure, de présence intérieure, d’absence extérieure et d’absence intérieure … Tout cela est bien différent et explique le rapport que nous avons avec le Monde : « Moi » dans le monde ou le monde en « Moi ».

 

  Et qu’en est-il de donner sens à soi-même ? Comment accepter qu’un jour le sens de ce que l’on ressent de soi disparaisse ? Comment accepter de se voir diminuer ? Comment accepter de se voir disparaître ?

 

  Tout cela est un grand mystère !

 

© Danièle Berry, tous droits réservés

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